Chronique | Un livre, une vie : L’histoire de Julie

Chronique "Un livre, une vie" - L'histoire de Julie

À la rencontre de Julie

Elle s’appelle Julie. Elle a 29 ans et sa silhouette svelte et dynamique laisse penser que c’est une grande sportive. Je la retrouve autour d’un chaï tea dans un café cosy où les tables sont assez espacées pour laisser place à la confidence. Elle a fait appel à moi pour raconter son histoire et faire un livre de l’épreuve qu’elle traverse.

Je suis toujours surprise quand de jeunes personnes sollicitent ma plume de biographe. A-t-on assez de matière pour écrire sa vie à moins de 30 ans ? La réponse est oui. Je pense que, comme pour une histoire d’amour, la densité d’une vie ne se mesure pas à sa durée ; plutôt à son intensité. Et en termes d’intensité, Julie a été bien servie. Premier tsunami : la perte de ses deux parents à une année d’intervalle, alors qu’elle n’est même pas majeure. Deuxième tsunami : même pas eu le temps de faire son deuil qu’un coup de massue ébranle à nouveau sa jeunesse ; il s’appelle cancer.

Commence alors un dur combat contre la maladie. C’est ce combat que Julie veut raconter, « pas pour se morfondre », me dit-elle, « pour témoigner et donner de l’espoir, dire qu’il est possible de construire sa vie et concrétiser ses projets au-delà de la maladie ».

Chaque rencontre avec Julie est une claque.

Elle est tellement rayonnante, tellement positive malgré tout ce qu’elle endure… Elle croit aux miracles et nourrit une foi inébranlable en sa rémission, quoiqu’en disent les médecins, quoiqu’en disent « les stats ».

Nous avons écrit 10, 11, 12 chapitres. Entre deux chimios, Julie relisait mes lignes, ajoutait les siennes, contactait déjà les éditeurs. À la voir si active et enjouée, moi aussi je croyais fort en sa guérison.

Jusqu’au jour où je n’ai plus eu de nouvelles. Au début, j’ai cru que son nouveau traitement la mettait à plat ou qu’elle était une nouvelle fois partie – elle s’envolait avec le premier avion dès que son corps lui octroyait un répit. Les semaines passant, j’ai essayé de lui écrire, de l’appeler, une fois, deux fois, dix fois. Pas de réponse .

Aujourd’hui, un an plus tard, je n’ai toujours pas eu de réponse. Julie est partie sans dire au revoir – elle ne voulait tellement pas partir… Penser à elle me donne envie de pleurer mais aussi de vivre encore plus fort.

À défaut d’avoir été au bout de son livre, je vous partage quelques-uns des mots qu’elle voulait tant partager :

« Si j'écris ce livre, c’est pour dire que rien n’est définitif, surtout pas le pire. Qu’il y a des moyens de se faire aider. Que la maladie est un parcours initiatique, qu’elle a la vertu de faire grandir avec le temps. Que, même s’il est difficile et douloureux d’avancer, il faut se souvenir des conséquences de ne pas le faire. Dire surtout que la souffrance n’est rien comparé à la victoire décrochée une fois la douleur maîtrisée. Que, quelles que soient nos épreuves, nos combats, il ne faut rien lâcher et toujours y croire ».

Au revoir, Julie, tu resteras gravée dans ma mémoire et éternelle par les pages que tu m’as fait l’honneur d’écrire pour toi.

Envie de découvrir d’autres chroniques ? Cliquez ici.
Vous souhaitez devenir biographe ? Pour en savoir plus sur la formation, cliquez ici.
Et si vous êtes déjà prêt-e à embarquer dans l’aventure, c’est par ici !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *