Chronique | Un livre, une vie : L’histoire d’Arthur et Rywka

En me lançant dans le métier de biographe, je pensais écrire des livres pour immortaliser des histoires de vie ; je n’avais pas imaginé que je serais amenée à écrire des livres pour redonner vie à des défunts ! Et pourtant, un jour, on m’a contacté pour écrire la vie d’un couple déjà parti sur l’autre rive, celle où n’existent ni wifi ni téléphones portables… À ma casquette d’écrivain s’ajoutait donc celle d’enquêteuse. Quel beau challenge ! Me voilà partie, armée de ma plume, à la rencontre de mes nouveaux héros : Arthur et Rywka, que j’allais découvrir par le seul biais de mes questions à ceux qui les avaient connus.

Il y a des histoires de vie qui ont tous les ingrédients d’un roman : des personnages hauts en couleur, des rebondissements imprévisibles, une histoire d’amour palpitante… Celle d’Arthur et Rywka aurait même pu faire l’objet d’un film ; un film où passion et aventure se mêlent sous fond de chamboulement historique.

Car Arthur et Rywka, tous deux juifs polonais exilés en France à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, se sont rencontrés à Toulouse au sein d’un mouvement résistant. Rywka, à peine majeure, leadait le groupe dont Arthur faisait partie. Un sacré bout de femme au courage sans limites face à un futur médecin charismatique pas moins courageux ; rencontre explosive menant à des aventures hors du commun.

Persuadés que demain n’existerait pas au vu des risques qu‘ils prenaient pour sauver des milliers d’enfants juifs persécutés, Arthur et Rywka vivaient leur vie intensément avec l’audace de ceux qui n’ont rien à perdre. À la fin de la guerre, plus vivants que jamais, ils prennent la direction d’Israël qui vient juste d’être créé, ont deux enfants, exercent comme médecins, s’achètent un petit avion 3 places avec lequel ils voyagent en Europe, aux Etats-unis, en Afrique, en Alaska…

Arthur et Rywka honorent la liberté, se fichent des conventions, suivent leurs élans et osent sortir des sentiers battus. Ils ont sauvé des milliers de vies de par leurs actes résistants et leur métier de médecins et vécu jusqu’au bout avec fougue et passion. Retracer leurs parcours m’a nourri d’audace et de liberté. L’héroïsme n’est pas réservé aux Marvel ni aux personnages de romans ; il appartient à chacun de nous de le cultiver…

Merci aux petits-enfants d’Arthur et Rywka de m’avoir offert cette rencontre marquante bien qu’impalpable. J’ai l’impression d’avoir connu mes héros et ils sont une merveilleuse source d’inspiration.